13 octobre 2006

Infra-Oskar



La nouvelle saison des jeudis oulipiens s’annonçait bigarrée, mais l’ouverture ce 12 octobre 2006 se révèla finalement dans des nuances plus subtiles. Bien sûr, nulle question d’arborer des crêpes noirs aux boutonnières, mais la brutale disparition d’Oskar Pastior, ce 4 octobre dernier a certainement teinté cette séance d’un soupçon de nostalgie. Demi-teintes presque transparentes que les quelques oulipiens rassemblés ont utilisées pour évoquer leur ami et camarade, Oskar. L’émotion affleurait, bien entendu, laissant paraître des failles dans l’organisation de l’hommage : troubles, oublis, bégaiements…

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Les souvenirs de Jacques Roubaud, évoquant leur rencontre justement au cours d’une lecture publique 25 ans plus tôt, et la lecture en français, comme mise en abîme, du texte qu’Oskar Pastior avait lu un quart de siècle plus tôt, ne pouvait laisser indifférent.
Mais c’était avant tout, l’occasion de ré-écouter Pastior lisant ses textes, et de s’imaginer, une fois encore son petit air espiègle, le poète, le nez à peine levé de ses papiers et “ayant pris une bouffée de cigarette”, littéralement exhaler les mots et les sons en même temps que la fumée, si doucement, si délicatement. Sa caresse des mots, surprend, tant la rudesse de la langue allemande s’y trouve transfigurée et comme gommée.



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Entendre Oskar lire, en français, le poème de Baudelaire, Harmonie du soir, c’est vivre l’expérience délicieuse, de voir le poème s’animer d’un souffle d’inconnu… Oskar avait l’accent indéfinissable du polyglotte et du citoyen du monde ; un accent au pouvoir inouï, à qui veut bien prendre le temps de l’écouter.

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