28 avril 2006

Résumé




Oulipo, 27/04/2006 ? Comment réussir à synthétiser les essentiels extraits de cette séance placée sous le signe de l’économie de mots et de temps ? Trêve d’obscures élucubrations, Sally Mara, grâce à son traducteur Raymond Queneau, offre un saisissant résumé de la situation grâce à son “arithmétique affective” (Œuvres complètes de Sally Mara) :
L’amour : 1+1=1
mais
L’orgueil : 1 x 1 = 10
La vanité : 0,1 x 0 = 10

Tout est dit !

22 avril 2006

Shadows and fog



man: “Everybody loves his illusions.”
magician: “Loves them ? They need them… like they need the air”
…music…

The End


Shadows and fog, film de Woody Allen, 1992

11 avril 2006

Une pensée, ce jour



“Puisque tous les peintres entreprennent les mêmes choses,
se heurtent aux mêmes difficultés, utilisent les mêmes moyens,
c’est que les différences proviennent de l’intérieur”

Pierre Bonnard, 1945

05 avril 2006

La justification du colimaçon (troisième état)


L’œuvre peinte par Rembrandt en 1632, a été décriée par ses contemporains, réticences, qui, aujourd’hui, plus de 350 ans plus tard, semblent sinon obscures du moins pas très claires. Peut-être ce rejet peut-il s’expliquer par ces intrigants jeux d’échelle et de proportions entre personnages et espaces du tableau ?
À bien y regarder, les deux personnages représentés paraissent minuscules, comme deux lilliputiens évoluant dans un espace réduit, une coquille de noix, peut-être, ou encore une coquille de colimaçon ou de nautile. Ne serait-ce pas, en effet, dans le dos du philosophe une porte-opercule close ? n’avons nous pas, sous les yeux, la maison-tortillon du philosophe, qui, rétracté dans sa coquille, réfléchit à la marche du monde ? Ou bien encore n’est-ce pas là une vue captée à l’intérieur d’un crâne ? À défaut de connaître l’identité de ce philosophe (certain y ont reconnu Spinoza, mais celui-ci mort à 45 ans, n’a donc jamais été vénérable vieillard) et ce à quoi il exerce son esprit, ne devrions-nous pas revenir à l’escalier.
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Philosophe au livre ouvert, Salomon Koninck

La composition du tableau s’organise toute entière autour de lui, sorte d’axe intime du monde. En effet, cet élément architectural, somme toute banal, acquière ici des qualités insoupçonnées : le peintre articule, à partir de lui, zones d’ombre et de lumière, et en fait une nette séparation entre lumière naturelle, à gauche, et lumière artificielle produite par le feu, à droite. L’escalier joue, si l’on peut dire, le rôle principal et central, propulsé au premier plan, volant la vedette au philosophe au fond à gauche. La force de cette composition pour le moins originale, s’affirme encore plus au regard d’une autre œuvre traitant du même thème : Philosophe au livre ouvert, attribuée à Salomon Koninck. Si un philosophe et un escalier sont également représentés, c’est d’une toute autre manière que dans l'œuvre de Rembrandt. En effet, le philosophe y est placé plus au moins au centre et l’escalier à vis semble avoir été rejeté à l’extrême gauche. Cependant, l’effet symbolique obtenu s’avère moins fort que dans l’œuvre de Rembrandt Van Rjin.
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La position de l’élément “escalier” au sein du tableau ne s’avère-t-elle pas primordiale ? En effet, celui élabore une articulation entre plusieurs espaces, espaces réels mais aussi espaces de la pensée. L’escalier est, bien sûr, la construction grâce à laquelle on accède dans un autre, situé au-dessus ou en-dessous de l’espace dans lequel on se trouve, mais pour Rembrandt, cette fonction “pratique” se double d’une fonction symbolique : il représente le passage, c’est-à-dire l’apprentissage, l’acquisition du savoir. Comment alors ne pas associer le philosophe et son travail de la pensée avec l’élévation sinueuse de l’escalier ? La voie de méditation est pour ainsi dire “tracée”, mais le cheminement demeure obscur et accidenté. Rembrandt ne réussit-il pas dans son œuvre a visualiser le processus de pensée dans son intimité obscure ?
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© Andreas Tille

D’autres escaliers sont évoqués par Borgès dans une nouvelle du recueil Fictions, “La Bibliothèque de Babel”. Cette Bibliothèque, lieu du savoir universel, abriterait un nombre infini de livres. Ce labyrinthe de rayonnages est à l’image de la Littérature : tout est connu ou tout a déjà été écrit mais tout est oublié ; il s’agit de le redécouvrir. Cette tâche infinie est remplie par les bibliothécaires-philosophes qui arpentent ces couloirs et “l’escalier en colimaçon qui s’abîme et s’élève à perte de vue” afin d’accéder aux “justifications” de toutes choses.
Au-delà de la Littérature, n’est-ce pas là, la réalité de toute création artistique ? Le peintre, tout comme les bibliothécaires borgésiens, ne navigue-t-il pas dans un musée imaginaire ou virtuel où toutes les images seraient déjà entreposées ? Sans doute, n’est-ce donc pas par hasard que Rembrandt peint ce thème du philosophe. “La philosophie”, comme la définit Deleuze est justement affaire de création, “est l’art de former, d’inventer, de fabriquer des concepts” mais pas seulement, c’est,“plus rigoureusement, est la discipline qui consiste à créer des concepts.” N’est-ce donc pas le processus de création même qu’explore Rembrandt en peignant Philosophe en méditation ? Le peintre ne s’engage t-il pas alors sur la voie de la justification de son art de peintre comme les bibliothécaires-philosophes empruntant l’infini escalier en colimaçon de la création ?
la justification du colimaçon : (premier état) (deuxième état)

01 avril 2006

Harmonies lavandières


Happy fool’s day !