08 mars 2006

“je suis partie, je suis revenue, je suis repartie et je suis revenue”



“le problème, c’est que je suis partie, je suis revenue, je suis repartie et je suis revenue”. Tel pourrait être résumée, par Delphine, l’intrigue du film d’Éric Rohmer, Le Rayon vert. Cette jeune femme, qui à la veille des vacances d’été, a vu ses projets de voyage en Grèce soudain s’effondrer, à la suite de la défection de son amie. Delphine se retrouve seule à Paris qui se vide peu à peu, la laissant, chaque jour plus isolée face à sa propre solitude et à elle-même. Le temps d’un été, Delphine vivra une sorte épreuve d’introspection initiatique. Delphine est comme elle dit “en transit” : elle est “partie en vacances un peu”.



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Ce voyage en zig-zag, n’est même pas une quête, mais plutôt une sorte de fuite en avant, une sorte d’échappée. En cela, Delphine rejoint Helena Campbell, l’héroïne de Jules Verne dans le roman éponyme. Helena, afin de fuir l’homme promis par sa famille, se met à la recherche de ce phénomène aussi rare qu’éphémère : le rayon vert. Mais entre Helena et Delphine, même si l’amour marquera sans doute l’aboutissement de leurs pérégrinations, les similitudes s’arrêtent là. Delphine finalement ne fuit qu’elle-même et l’ombre de son passé, mais son désespoir est causé par l'apparente absence d’issue : elle n’a encore trouvé son rayon vert ; Helena, elle, possède un but, dès le départ, mais le perdra peu à peu de vue, l’amour gagnant son cœur. Delphine, ne cherche pas l’amour, ses amies aiment à la taquiner à ce propos, en évoquant un hypothétique “prince charmant”, mais elle est finalement portée par un secret espoir de rencontre, elle compte sur le travail du hasard, elle croît “aux choses qui se font toutes seules, d'elles-même”.



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Rohmer a ainsi parsemer son film, tel Petit Poucet de nombreux indices chromatiques (soulignés par l'irruption d'une phrase musicale). Les touches de vert sont disséminées dans tout le film, jusqu’à l’apothéose finale. Elles sont toujours porteuses de sens, d'autant plus que l’héroïne, supestitieusement, leur attribue une qualité positive depuis qu’un médium lui a affirmé que le vert serait sa couleur de l'année. Finalement ce que Delphine essaie de découvrir n'est ce pas ce “vert merveilleux, d'un vert qu'aucun peintre ne peut obtenir sur sa palette, d'un vert dont la nature, ni dans la teinte si variée des végétaux, ni dans la couleur des mers les plus limpides, n'a jamais reproduit la nuance! S'il y a du vert dans le paradis, ce ne peut être que ce vert-là, qui est, sans doute, le vrai vert de l'espérance.”(Jules Verne, Le Rayon Vert)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

j'ai lu, j'ai aimé, j'ai relu, j'ai adoré.
Merci pour ce voyage dans un film et cette etude des gimmicks Rohmeriens.
Voila de belles choses a méditer!

Tak Tak!
C.